Jeux-Net-art Un système d'échange de fichiers artistiques sans intermédiaire.
Le P2P tente le grand Ekart


Par Annick RIVOIRE , vendredi 02 avril 2004

http://ekart.free.fr

David Guez présente Ekart samedi, à Console, de 20 h à minuit, dans le cadre de Tohu-Bohu, happening avec un «concert de pièces à voir, à toucher, à saisir..».
Console, 14, rue de la Folie-Régnault, 75011. 01 43 56 28 22.

 

«Le Web est mort, vive le P2P.» Le slogan n'est pas que provocateur dans un contexte où les échanges de «pair à pair» (P2P, en anglais peer to peer) ont plutôt mauvaise presse, pointés du doigt comme premiers responsables de la crise du disque et du cinéma. Voilà qu'un artiste-réseau, déjà repéré pour ses propositions d'appropriation collective du média avec Teleweb, le serveur des self-médias, se pique de gangrener de propositions arty les réseaux d'échanges non hiérarchisés.

Avec Ekart, mot clé à ajouter à tout fichier son, vidéo ou texte qui ait une quelconque dimension artistique, l'art peut passer sans intermédiaire du créateur au spectateur. Plus direct encore qu'avec le Web, où l'artiste, même s'il diffuse sur son propre site, doit généralement passer par un hébergeur privé. Pour David Guez, média-activiste féru de bidouilles informatiques qui s'est exilé deux ans loin de l'Internet, le Web est mort : «La loi sur l'économie numérique (actuellement en discussion au Parlement, ndlr) met un frein à la lecture privée des mails, empêche de publier un site de façon tout à fait libre parce que le contrôle sera fait par l'hébergeur», qui serait supposé juger de la légalité des contenus qu'il stocke. Au contraire, «le P2P n'est pas que du téléchargement pirate. C'est avant tout un outil d'échange entre ordinateurs qui ne passe par aucun médiateur», ajoute-t-il.

Lancé il y a quelques semaines, le projet Ekart n'est pas si facile à mettre en place, le principe même du P2P rendant difficile la «propagation et la contamination» artistique dont rêve David Guez, très engagé dans le combat du «libre» entendez les logiciels libres, ces programmes ouverts dans leur écriture, et sujets à toute modification collective de type Linux, Emule, Gnutella, etc. Sur les réseaux de P2P, le plus facile à échanger est ce qui est le plus présent sur les machines des internautes, soit plutôt Michael Jackson et Britney Spears que les artistes du Net... D'où l'idée d'un mot clé, sorte de «label P2P» qui permette une recherche thématique sur Emule ou Kazaa. Et une interface sur le Web (en attendant qu'il meure...) pour permettre à ceux que ces manips encore un peu compliquées rebutent de télécharger lesdits contenus d'un clic. La liste des «oeuvres» Ekart n'est pas si longue aujourd'hui, et les contenus encore faiblards. N'empêche, Ekart pourrait devenir le repaire des puristes du Net-art.