- XOR
Genèse d'un projet d'exposition
sur l'impossible x-rencontre
- Auteur du texte
- Proposition
- Ce texte est le fruit d'un travail d'exposition suite à une proposition de Srlabo et de la galerie de la jeune création. Le résultat est un texte qui se décline sous la forme d'un arbre, une sorte de carte mentale d'une mémoire qui s'active sur un mot ou une sensation.
- Texte
- Introduction
- Bonjour, J'ai l'honneur de vous proposer de venir boire un verre le mardi 23 mai 2006 à partir de 18H à la galerie de la jeune création au 6 villa guelma, métro Pigalle.(01 42 54 76 36) Le titre de l'exposition XOR Les zartistes Srlabo et moi-même Les sites internet associés david.guez.org srlabo.org Le contenu ? oulala, normalement, vous ne me parlerez plus beaucoup par la suite. Pourquoi ? Parce que c'est étrange, c'est une sorte de tentative de création en commun. ça commence par un accident de mobylette porte de montreuil, enfin, non, ça commence avant, mais avant, je ne savais pas que j'allais exposer ça. Oui, donc, un accident de mobylette, je me relève, j'ai mal à la tête, tout va un peu moins vite autour de moi... puis srlabo me propose d'exposer avec elle (ça remonte à il y a 15 jours), on visite la galerie, la gars est sympa, c'est propre, on a quelques heures pour preparer le carton, trouver un titre, il pleut ce jour là (oui, enfin, il pleut toujours de toute façon !). Bon, je continue, Alors, j'ai mal à la tête, docteur labo se marre et le soir-même, on trouve le titre et on fait le carton d'invitation : XOR , c'est un beau titre non ? Mais non, c'est pas le dernier modèle de robot ménager de chez colette, ça veut dire plein de choses mais avant tout, c'est un opérateur logique...hum, un truc d'electronicien...je vous explique pas trop dans le détail mais la symbolique évidente à la davincidaube qu'on dégage de ça, c'est que, en gros, si on fait un truc ensemble (moi et srlabo) le resultat sera nul ...bon, ça commence mal, on se dit qu'on verra le lendemain pour les détails, on termine le carton, il est minuit, je suis nase et je rentre chez moi pour rapidement m'endormir... le lendemain, je lui envoie un email en lui disant que je coupe toutes communications classiques avec elle et lui donne rendez vous le soir du vernissage en précisant qui fallait qu'elle se demerde avec la premiere idée que j'avais eu, un truc avec stylos pointeurs lasers rouges qu'on donnerait aux invités de la galerie pour former une sorte de ballet de lumière aléatoire et perturbatoire dans le lieu. Oui, je sais, c'est rude mais y faut comprendre que je suis un gars du réseau et que les lieux d'expos ça me stresse et que fondamentalement, j'ai d'autres idées sur la création en commun, l'exposition... Autant vous dire que c'est à partir de ce moment que la machine se met en route. Car on est chacun de notre coté a essayer de comprendre ce que l'autre va faire, comment il va réagir aux éléments qui sont envoyés par email... bon, moi, je m'amuse pas mal avec mon projet de mails dans la futur, je lui envoie plein de choses, des vidéos, des textes, des notes, des croquis, de ce que pourrait être cette expo, j'envoie aussi des emails à des copains pour avancer sur une idée majeure qui me travaille et qui travaille. Bon, tout cela c'est un peu de la masturb intellectuelle, c'est pas faux, mais je vous jure que j'ai passé 15 jours admirables, et ça, malgré ma lenteur suite à l'accident. Je ne sais même pas si vous verrez tout ces éléments, vous verrez la conclusion, une sorte de résolution d'une équation à x inconnues...et vous verrez surtout la proposition de srlabo, que je ne connais pas non plus et ça , c'est le bouquet...
- Corps
- 20.mai.2006 Là, j'écoute jan garbarek, l'album "song for everyone", avec trilok gurtu qui a déchiré la semaine dernière au new morning, mais bref, tout ça pour vous dire qu'à la suite de l'accident de mob,
- Je me suis relevé, le type m'avait fait une méchante queue de poisson, il s'est un peu excusé, a marmonné des mots étranges dans sa barbe et m'a dit qu'il devait filer en me jurant de revenir dans une demi heure et me laissant sa carte d'identité;
- J’ ai vu avec bonheur que mon walkman n'avait rien, et qu'il était branché sur une chanson de Antony and the johnsons.De la bombe ce truc là, super mélancolique, super beau, et mon cerveau s'était clairement fixé sur ce chanteur dans une sorte de résonance post traumatique. Le lendemain de la proposition de srlabo, une fois toute communication coupée avec elle, je me suis aperçu que j'écoutais en boucle ses morceaux, surtout l'album "i'm a bird now'...je pensais que ce type était un vieux noir de bonne composition mais lorsque j'ai tapé son nom sur goog, c'est là que le lien avec srlabo s'est fait au delà de la pensée réfléchie. Antony ressemblait à srlabo (et le contraire aussi), un type androgyne, fin, maquillé de blanc dans des poses 'arrêt sur image" ....notamment une photo où il est un peu de profil avec un message inscrit sur sa joue "I want to save your life".
- Ah oui, pour finir avec cette histoire de mob, le type n'est jamais revenu, j'ai attendu devant le garage pour mob de la rue de paris, avec sa CI dans ma main droite et mon genou gauche explosé, j'étais un peu blaireau à boiter dans Montreuil remplie d'odeurs de kebak à 3 euros, j'ai remis le play sur 'man is the baby'.
- Moi qui rêvait d'être chanteur, difficile d'expliquer pourquoi...alors je traduis ses chansons en français, celles qui font sens à XOR, ce opérateur logique utilisé comme clef de cryptage avec l'idée principale de décalage. Je me rêve en train de chanter ses chansons, je fais des petits clips vidéo avec mon tel.portable, j'ajoute ses chansons en fond sonore, j'envoie ça à srlabo, enfin, je les distribue avec 2067.hypermoi.net sur une dizaine de jours dans le futur. Je plane et planifie, carrément, c'est vrai que je vais moins vite depuis cet accident, enfin, comment dire, pas moins vite, mais plus lentement, c'est assez subtil, c'est léger et ça passe sur moi comme un brise de printemps des années 90. Ah oui, je crée aussi un blog, je l'avais prévenue, je ferais un 'blog pérave', c'est à dire un blog où il se passe pas grand chose (pour moi en tout cas); je brouille un peu les pistes, mais c'est surtout une façon de débuter un truc, j'imagine, mais je ne m'attends pas à de telles premières réactions de sa part, Alors parfois je suis déçu par ses réactions, parfois je me dis que je vais trop loin, que je vais tout arrêter... Lors de la première (et dernière) discussion que l'on a eu après la visite du lieu, je lui expliquais bien que dans le passé ça s'était pas super bien déroulé mes expos collectives ou mes entreprises de réflexions communes, que j'étais assez imprévisible mais aussi que j'essayais d'entrer dans une modalité tierce, fruit des échanges de ce que je comprenais de l'autre, au sens des sensations, de ce qu'il ou qu'elle provoquait chez moi, c'était là l'intérêt à vrai dire et je voulais pousser cette proposition jusqu'au bout. Pourquoi ? non pas pour lui faire peur ou pour être un grand maître manipulateur et pervers mais vraiment pour explorer ce qui nous fait fonctionner, ce qui fait qu'une production va émerger sur un objet ou une idée principale, cela m'a toujours étonné, c'est bien l'un des mystères de l'art, et de l'homo sapiens sapiens surtout, enfin, je me disais bien que deux personnes dans une situation donnée avec des contraintes et des règles de jeu imprécises pouvaient générer à peu près tout ce qu'il y a de possible dans la production humaine, y compris la pire des choses, c'est vrai, mais c'était bien le risque à prendre, celui que je me dois de prendre en faisant de l'art en tout cas. J'avais plein de petites idées marrantes à exposer, quelques propositions plus importantes mais inconsciemment (je ne m'en rends compte que maintenant), au dessus de tout cela, il y avait mon travail en cours (l'hypermoi, la mémoire, le temps, les souvenirs) en train de trifouiller les méandres de mon cerveau...et voilà de nouvelles données...hum pas si simple de faire des liens, je laisse les choses se dérouler, je me laisse porter par la musique et par la vague des éléments qui pénètrent lascivement mon esprit, de ce que je reçois de sa part aussi, les hypothèses de ce qu'elle imagine à son tour...c'est assez fascinant, un résumé assez jouissif de la rencontre, avec son lot de fantasmes, de peurs et d'envies de débordements; après tout, une fois dans le vide, il ne reste plus qu'à trouver la meilleure pose pour la chute... ou l'atterrissage, c'est une question de point de vue! Je vous passe les détails, j'achète
un micro à 2 balles pour fillette de 12 ans dans un vide grenier perdu sous la pluie de ce printemps 2merde, je me retrouve au palais de Tokyo à chanter devant les vidéos bouffonnes de la jeune création branchouille et sans goûter à mon 4h, je file voir TH ALIAS LE SAINT ds son squat de nowhere pour sniffer la chair fraîche de crevard. Parler à Th, c'est faire du reverse engine en permanence, donc kiffer le gars autour d'une bière en lui parlant de mes projets en cours.
- Reverse engine : démarche utilisée comparable à l'étude d'une boîte noire : on isole l'objet à étudier, on détermine les entrées et les sorties actives. On essaie ensuite de déterminer la réponse du système en fonction du signal d'entrée. Mais il est également possible de démonter le système jusqu'à un certain point pour en analyser les constituants
- Th est un pote, un I-pote même, y en a quelques uns, on se voit pas souvent mais on s'est rencontré à « public », cette petite galerie des années fin 90, là où j'ai fait ma plus belle exposition - physique j'entends-, un numéro de téléphone au mur, c'est tout. J'avais rencontré le groupe de public en les filmant et les interviewant pour une webtv que je bricolais sur le Web de 1998, tv-art.net.
- Pour moi, une des idées importantes pour exposer dans une galerie du net.art, c'est surtout pas d'ordinateur, de fil, câble et autres machins technos, j'aime une esthétique plutôt minimaliste...
- Au paltok, je reconnais achour sur une des vidéos qui présentent les artistes de l'exposition en cours, ce gars de « public old-school », pas vraiment le keum sympa. le genre de type qui râle et crache sur tout le monde pour se protéger, Bref, achour dit un truc pas con, enfin un truc qui fait sens (ah ah) avec ma liaison avec srlab, enfin, il parle de lenteur, c'est ce que j'avais précisé à srlabo lors de notre dernière discussion, qu'il me fallait du temps pour faire émerger des choses,que souvent un projet me prenait un an pour mûrir et que là, en quinze jours, je voyais vraiment pas comment ce processus pourrait se dérouler sérieusement (eh oui, on est quand même des gens sérieux !!)
- En parlant de lenteur, J'ai passé 3 ans à écrire dans le désert de Gerry.
- Gerry c'est LE film... de gus le saint, après la bombe Elephant et avant sa daube sur un chanteur dead.
- Pour info, 3 ans à zoner après le 11 sept 2001, à zoner dans l'écriture et dans les salles de cinés, les moments les plus beaux de ma vie mais aussi les plus difficiles, remplis de solitudes absolues, de voyages étranges et de confrontation avec son adversaire le pire (son pire ennemi comme dirait rocky) : soi-même
- Pour vous dire ma sensation des premiers jours,
- Comme je la développe à un email que j'envoie à Antoine et que j’explique à THTH qui peste contre la lamentable situation des artistes contemporains dont témoigne le film fait par deux artistes sur Zidane,
- Je plane à quelques centimètres du sol, me voilà aux terrasses des cafés à attendre parfois Julie, ma meilleure cop, mais surtout à scribouiller sur quelques feuilles des objets étranges comme cette idée d'url invisible et de décidabilité... Mais le meilleur devait arriver. Je ne pourrais plus relater le nombre d'emails dans le futur, les connections tordues et les considérations sur ce que l'on peut faire aujourd'hui sur le réseau Internet...peu importe, j'avais déjà le chant comme élément principal et un corps d'androgyne.
- Sur wikipedia, la définition contemporaine de l'androgynie est celle là. "Un androgyne est une personne qui estime ne pas trouver sa place dans le schéma binaire homme/femme des sociétés contemporaines". Cool, Xor est un opérateur binaire plus une clef de cryptage à décalage...
- Mais c’est pas ça le but car, A partir du 6 ème jour (sur 15), je commence à échanger avec des amis, c'est aussi une façon d'avancer, le fait d'écrire ce qui se passe (en pensant envoyer plus tard ces échanges à srlabo). C'est intéressant, je ne sais pas si ça vous arrive mais c'est en parlant à d'autres que les choses émergent vraiment, comme si j'avais besoin du dialogue tiers pour sortir du magma cérébral la solution de l'équation.
- Ici, je pense que cela va beaucoup plus loin dans la mimesis et dans l'influence, Première considération, mes copains sont une partie de moi-même, c'est à dire, un élément de mon caractère poussé dans un sens ou un autre, le fait de les rencontrer ou de dialoguer avec eux provoque l'excitation d'une zone du cerveau qui va dégager une nouvelle interprétation du propos dans lequel je suis...étrange non ? C'est à dire qu'il n'y a pas de vrai dialogue, ces amis habitent mon cerveau remplis de souvenirs d'éléments communs et chacun va être une sorte de filtre sur une idée en cours, un filtre exponentiel, et l'échange, car il y a quand même échange est mortel d'efficacité.
- Je l'expérimente, par exemple avec Boris, le mec de ma meilleure copine Julie, on part souvent en vacances ensemble avec les mômes dans sa vieille renault 21 qui roule à 180, et on parle globalement de cul et de bouffe. Mais il a une sacré réputation le Boris, et le point commun qui nous relie outre Julie, c'est la façon dont il a balançé royalement la fin de ses études de philo de major de l'ENS dans un pamphlet digne d'un grand acteur. Moi j'ai balançé ma maitrise d'informatique en arrivant bourré à l'examen d'un module d'intelligence artificielle, c'est moins glorieux, c'est vrai... mais, il me fallait bien Boris pour booster l'idée de L'ART EST UN SOUVENIR.
- Je commence aussi à faire des rêves étranges, c'est bon signe; des rêves à la Lynch, du cannibalisme, des corps découpés comme du bacon, le cinéma reste une vraie référence, et l'image simple que j’ai proposé dés le départ à Srlabo pour lui expliquer mon état d’esprit, c’est que je fonctionne à 23 images/seconde, en décalage quoi !!!Non plutôt à 25 images/seconde, plus lentement.
- Une idée qui me travaillait bien, c'était ces virus-tag, une sorte de réplique pertinente au gars des spaces invaders que j'avais rencontré en Suisse lors d'un festival et à paris, avant, lorsqu'il n'avait qu'un petit site Web, un gars timide, sympa, en dehors des hordes d'artistes crevards qui battaient les trottoirs derrière Beaubourg. Bref, virus tag, c'est déjà un tag, et ça, comme art public, ya pas mieux, comme code aussi, le message absolu; je voulais faire ce lien entre les langages, le code binaire, le décalage, le travail de Srlabo lors de sa dernière expo (un croix noir à la Malevitch sur le mur d'une église), les propos actuels sur les religions, le mysticisme à la con qui règne sur terre,
- ici j'ai testé la limite, il y en a souvent une, la limite de Srlabo et puis le choix, sans lequel nous ne sommes pas libres, le choix du non... oui, car en parlant de mysticisme, dans ces 3 années post-eleven, j'avais besoin de sensations fortes, déjà l'écriture mais plus encore, je m'étais alors plongé dans les textes d'une secte qui sévit sur le net, une secte scientiste super béton...où un ami artiste s'était engouffré comme un rat, purée non,, j'ai mis 6 mois à m'en remettre, c'est très très fort ces trucs, mon pote a disparu en vendant tous ses biens et en divorçant...en gros il attend 2012 avec les autres...
- c'est pour cela qu'au début j'avais appelé mon projet d'emails dans le futur -> 2012, pour faire une pichnette au sectarisme ambiant, mais ça m'a saoûler de revenir là-dessus alors que c'était pas tant le propos que cela du projet.
- Donc la limite de ce projet Xor, c'était d'envoyer srlabo vers les 1000 pages de cette secte car il y des lignes qui la toucheraient sûrement. Dans le même temps, je touche à une question morale, c'est pas possible d'embarquer quelqu'un dans un truc comme cela, on pose, on joue, on délire, on argumente mais il y a des limites,
- Je me souviens d'une expérience assez marrante ou j'essayais dans les années 95 de suivre un théorême un peu beuysien du genre "tout le monde est un artiste". Sans trop rentrer dans les détails, je travaillais avec des gens non-artistes et je me disais qu'étant contemporain, avec un peu d'huile dans les neurones, ils feraient de l'art...évidemment contemporain et aussi bien que les nartistes prétentieux. Donc je faisais des réunions avec eux en leur expliquant le truc et cela devait aboutir par des projets qu'ils devaient réaliser en vrai de vrai car évidemment, l'art c'est ...faire...sinon c'est philosophe je crois ...(euh Boris, comment on dit double godmichet en grec, hips ..) donc je rencontre plein de gens, et une nana me dit "ouai génial, voilà j'ai bien réfléchi, je vais tester toutes les drogues et prendre des notes et on fera un livre...ouai...cool ...bye !!!
- donc finalement je lui laisse le choix d’aller vers ces textes ou pas, elle refuse, elle a pas tort.
- donc j'ouvre le notepad traitement de texte de mon portable et j'inscris une suite de zéros et de uns qui forment une croix, une forme d'art ascii très basic, sauf que mon propos et ma proposition sera celle d'enregistrer ce fichier en .exe (executable, c'est à dire que mon fichier texte devient un fichier programme pour l'ordinateur). De lancer le programme et de voir la réaction de l'ordinateur (et pas l'inverse) Eviidemment une erreur, mas un code machine que je n'avais jamais vu, tres étrange, surtout qu'ensuite je me dis qu'en essayant une centaine de motifs, voir plus, j'arriverais à trouver un vertiable programme qui fonctionnerait sur mon pc. Je pourrais même faire un programme qui aligne une suite de zéros et de uns et qui teste le résultat jusqu'à trouver une solution valide. Voici le genre de considération un peu à la matrix qui nous excite, nous les geeks crevards.mais le véritable propos n'était pas cela, ce qui m'amusait par dessus tout, c'est l'idée de poser sur un mur une telle suite de zéros et de uns, voire de confectionner une suite de type virus (pourquoi pas un gentil virus), j'aimais cette image de code d'un message qui genère un programme qui fait « on sait pas quoi »... surtout le fait que l'anonyme citoyen rentrerait le soir chez lui avec cette série de code qu'il s'enpresserait de rentrer sur sa machine pour voir le résultat...oui je suis un romantique...
- donc pour revenir à mes moutons numériques qui rêvent de lapins binaires, antony me donner envie de pleurer à chaque élancée de sa voix, je voulais me filmer en train de pleurer car il y avait bien dans srlabo quelque chose de profondemment triste, une sorte de perte parfois dans ses yeux, au loin, très loin, quelque chose que je partageais et comprenais avec elle. La vie est belle malgré tout, oui, car Xor était sorti de mon esprit ce premier soir, elle avait trouvé ça joli, j’étais parti assez rassuré sous la pluie de Belleville et plus tard, le mail de Boris et la discussion avec BEA m'avait fait bien avançé sur cette notion de souvenir, tout cela à une semaine de l'exposition, qui, en soit, ne représentait plus trop d'intéret pour moi, car tout se passait bien dans ces moments pré-exposition, je me retrouvais devant un sacré dilemme, que faire pour l'exposition ? Et puis je n'avais pas trop réagi aux quelques messages (mais pas tant que cela) que sralbo m'envoyait, notamment sur l'infrason, sur ce qu'elle aurait aimé faire si je ne l'avait pas embarqué dans cette histoire insensée. L'infrason, oui, c'était magnifique, je comprenais aussi que le jour de l'exposition, le jour J, à l'heure H, il y aurait une petite pression, déjà le fait de ne pas savoir ce qu'elle exposerait.
- Résolution 1. L'art est un souvenir Oups, j'adore cette phrase, elle m'est sortie par sms alors que j'étais allongé dans un hamac dans ma forêt magique pendant un envoi à Srlabo. Hélas elle a réagi moyennement sur le moment, et je voulais surtout pas entrer dans une discussion philosophique du truc, je trouvais ça juste beau... Ce n'est que plus tard, enfin, quelques jours plus tard, en envoyant mon email à Boris que cette phrase a pris son sens, enfin un sens nouveau, « Xor est un souvenir »...
- Je revois BEA, pas mal à jour sur le net.art, en fait, une vraie spécialiste à qui je fais lire l'email envoyé à Boris, elle tilt bien sur « L'art est un souvenir », il faut dire que cela faisait presque dix ans que je ne l’avais pas vu, cela me conforte sur ma ligne.
- Je connais mal BEA, le dernier souvenir, c’est une installation au Web bar en 1998 autour d’un lit rempli de fleurs blanches où je projette 200 images/seconde qui proviennent en temps réel des forums Internet, tout ce processus pour faire des fioles « d’eau de vie recyclées Internet ».
- A l’époque je trippe sur les installations, je fais de la crème de beauté, du lait sous la marque « 99% recyclée Internet ».
- A l’époque Boris m’aide à transporter le lit du 18ème siècle pour cette expo, lit en fonte qui pèse trois tonnes et je loupe le coche en ne rappelant pas le gars du ministère de la culture section photo qui me file sa carte pendant l'expo car il trouve mon installation digne d'une suite cohérente à la photographie.(oups, je rêve)
- Résolution 2. Je traîne mes pattes dans Paris centre, lors de cette 11 ème journée, à chercher un objet où je pourrais inscrire cette phrase « Xor est un souvenir ». Je pense à une bague, un anneau mais dans les magasins d'alliances pour mariés fauchés, il faut, « damned, il faut 4 semaines pour inscrire une phrase sur un serre-burne !!! » (Pardon, c’est mal poli pour les mariés mis à nus) car, je me dis que ce qui serait marrant, ce serait de lui offrir un élément qu'elle porterait sur elle, et cet élément porterait la phrase qui déclencherait le vrai propos de toute cette histoire : un souvenir. Alors elle n'aurait plus qu'à « raconter » aux spectateurs qui demanderaient ce que Guez a fait dans cette putain de galerie. Raconter quoi ? Ce souvenir de ces 15 jours, le sien, son Xor en quelque sorte.
- Résolution réfrénée par le bizness modèle foireux des grandes bijouteries de boulevard mais où le hasard apparaît à nouveau en la personne morale du BHV qui sauve ma vie, comme quoi ! Le tilt à nouveau, c'est qu'au fur et à mesure que j'avance à la recherche d'une bague, à imaginer les points de liaisons avec toute cette affaire, je tombe sur un petit bouge rempli d'objets étranges, et sur un magnifique bol, construit dans un alliage de 7 matériaux, le bonus, c'est que c'est un bol “chantant” (selon l'escroc de vendeur). Là, c'est évident, tout devient évident, j'inscrirais sur le bol, "Xor est un souvenir" et l'infrason produit par ce bol, lorsque l'on tourne autour avec un bout de bois (fourni avec) - comme avec un doigt sur un verre de cristal-, fera office de liaison symbolique avec le chant, puis avec l'onde (mais l'onde est une autre histoire, un peu lié à la secte). ( oui, le BHV, bien ils ont un service de gravure en 4 jours :) Voilà, j'ai l'objet de liaison, l'objet d'exposition, un bel objet qui effectivement, si l'on s’y prend bien, émet une sonorité incroyable. Xor est un souvenir, ces 15 jours (il en reste 2 au jour où j'écris) où tout se construit dans une forme apparemment chaotique, où les liens se font et de défont dans un maillage assez complexe.
- Tout à l'heure, à table, j'expliquais à mon amoureuse, "les liens sont partout, c'est toi qui crée la cohérence de tout cela, une cohérence possible".
- Ça me plait à nouveau cette idée, ça rejoint un peu ce que je comprends mal de mes lectures d'astrophysiciens d'aujourd'hui...ça me fait bien tripper en tout cas.
- Un autre truc que je lui dis dans l’énervement
d’une organisation nouvellement familiale où l’impondérable poussée des molaires du Titou laisse peu d’espace au sommeil et au travail linéaire, c’est que j’ai l’impression de voler du temps, de travailler comme un voleur et, en y repensant l’artiste n’est pas loin d’avoir ce statut de voleur de temps dans notre société. À suivre...
- Mais le mieux reste à suivre ... Le mieux c'est que srlabo s'excite un peu plus, enfin !!! qu'elle se découvre, qu'elle me leurre peut être mais le blog pérave se remplit bien de messages mystérieux, de codes et de séquences perturbantes ... Il pleut des trombes comme jamais, je vais chercher le bol au BHVIE et.... c'est magnifique, "Xor est un souvenir "est gravé au dos du bol, avec la date du soir de vernissage et ni une ni deux, alors qu’il pleut comme dans les films de Spielberg et que mon fils Titou dépasse la barre des 39 degrés, je me retrouve au MK2 quai de Loire avec Gilles un ami peintre devenu bouddhiste à qui je raconte toute l'histoire.
- Gilles a tout arrêté il n’y a pas si longtemps et il me semble qu’il a trouvé sa voie, c’est pas simple l’art, c’est vraiment un truc de crevard, on tombe comme des mouches sur les trottoirs brûlants de la société, à voler du temps à l’organigramme bien conçu pour toi après la fac.
- Gilles m’avait entrainé avec lui sur la piste bouddhiste pendant quelques mois, mais mon expérience de l’humain s’est terminé par un baston avec un prof de boudhisme fumeur et menteur à qui je devais faire un site internet en échange de quelques cours sur l’histoire du boudhisme.
- La vérité, c’est que le Dalaï Lama m’avait vaguement sauvé la mise avec un de ses bouquins alors que je pétais complètement un plomb pendant un festival au Canada mais la méditation avait quelque chose d’apaisant et de surréaliste, sans doute que je l’employais mal car j’ai vu assez vite des lumières et des corps en déplacement, Gilles m’a dit à cette époque que c’était pas la bonne façon de faire de la médiation, du coup j’ai arrêté net et j’ai repris les terrasses de café avec ma copine Julie.
- Entre parenthèses, le meilleur argument que j’ai entendu là dessus provient d’un americain spécialiste du Japon sapé comme une star de hard rock sado maso qui avait clairement défini son arrêt du bouddhisme par le manque insupportable et insurmontable d'activité sexuelle minimale.
- On fait tourner le bol qui émet une vibration de nowhere, qui s'amplifie et qui tremble dans nos mains, c’est grand comme le bruit du métro aérien de Stalingrad qui résonne en écho du bateau mouche en train de se prendre la tempête dans un début de tourbillon assez flippant entre les deux MK2. De plus, je sais que srlabo est une entreprise artistique de type médicale, enfin, sa theorie qu'elle m'explique depuis des mois c'est qu'elle peut soigner avec l'art, ça tombe bien, ce bol est un bol utilisé par les bouddhistes pour soigner par vibration & résonance, encore des ondes...
- NON-STOP et puis, je me dis que cette histoire de souvenir ne peut pas s'arrêter là ! L'art est un souvenir, Xor est un souvenir, ok, Je veux pas trop entrer dans la théorie de tout cela (BEA est mieux placé que moi) donc je rentre chez oim pour taper sur mon ordinateur dans la rubrique search files de windaaube explorer le mot "srlabo".
- Il faut dire qu'en bon malade mental de la techno, j'ai un photo-numérique depuis l'an 1 du numérique (allez je reste poli, je parlerai pas de mon premier ZX81 et de l'arrivée de la gauche au pouvoir au même moment grace à lord sinclair).
- Et là s'affiche comme par miracle un petit quicktime de 2002 que j'ouvre avec grâce. Et là, oh, miracle, srlabo face à moi en train de manger des tomates et qui commence le petit clip en déconnant et en faisant le mouvement des boudhistes lorsqu'ils débutent une prière suvi d'un OOOOOMMM et surtout suivi d'un "david, je vois une lumière rouge dans l'appareil," puis elle mange avidemment ses tomates, je lui pose une ou deux questions débiles, amour , altérité, blabl... Cool, un vrai élément de mémoire, le premier.
- Il faut dire quand même pour couronner le tout, que srlabo voulait présenter (et présente peut-être, je ne sais pas) une installation composée d'une table et de deux écrans l'un face à l'autre avec des personnages qui mangent et qui parlent (pure coïncidence (gloups)).
- Le deuxième élément est beau, très beau et la boucle se referme (presque) : Le titre XOR a surgi dans l'excitation de cette folle journée où je tombe de mob et où le soir même je me retrouve à définir en l’espace de quelques heures une exposition prévue 15 jours plus tard. Dernière discussion sur le fait de travailler ensemble sur un objet ou de faire une expo de son propre travail dans le même lieu mais chacun de son côté. Srlabo se la joue cool, "tu fais comme tu veux, c'est ouvert, moi j'aimerai bien faire un truc ensemble, c'est plus drôle, je sais pas, tu pourrais écrire un texte pour un personnage que je filmerais et qui passerait sur un des écrans autour de ma table ronde ". Bof bof, ça m'énerve ce truc et ça m'énerve un peu sa façon d'élaborer de la pensée en mangeant des cacuètes, mais elle me piège un peu, enfin, je sens que pour elle, c'est zéro risque, ou c'est plutôt un truc amusant, amusant aussi d'essayer de comprendre un gars qui surfe 8 h par jour et qui fait des trucs un peu magique avec les langages informatiques...bref, le srlabo est en route et moi je me casse la tête sur "comment sortir de ce piège tout en continuant à manger dess cacahuètes.." Bref, je lui propose déjà un titre "Xor"; on farfouille sur le net, on tombe sur la table de vérité associée, et on trouve ça marrant...on verra plus tard pour le reste...
- La table de vérité, en plus, fait référence à la table en bois de son installation prévue dans le lieu, qui est déjà découpé et prête à l’emploi. En électronique, une table de vérité, c’est simplement un tableau qui précise le résultat de ce qui se passe si on place le composant électronique (Xor en l’occurence) devant 2 signaux électriques. Si les deux sont à 1 ou à Zéro (c’est à dire qu’il y a du courant ou pas du tout), Xor agit comme un filtre qui donne un résultat Nul. Si au contraire, un des deux éléments en entré est à zéro et l’autre à un, le résultat est à 1. Donc voici la table, dite de vérité. 00->0 01->1 10->1 11->0
- Je reviens sur ma mémoire (2merde comme dirais Th), j'ai un problème de mémoire, un truc physio*logique, j'oublie les prénoms, les dates, les choses que j'ai pu écrire (pour le reste ça va merci), mais non d'un chien, Xor, c'est un texte que j'ai écrit en 2004, avant la naissance de mon fils, pendant que mon amoureuse était enceinte, donc je me déporte sur le portable à ma gauche et tape "Xor" dans "chercher fichier" (windaube en français c’est pareil )...nouveau miracle, Xor existe bien, ce texte de 20 pages est troublant... échange logique avec un foetus, enfin, je ne peux pas expliquer vraiment ce qui se passe avec ce texte, cela finit aussi sur un chant, un ventre chantant.... c'est trop beau, trop hallucinant, la lenteur fait son travail de réconciliation post eleven....
- Pourquoi je tripe sur le 11 sept, c’est simple, à l’époque je devais préparer une expo dans le lieu qui se trouve à l’intérieur du world trad center, le thunderglunch center, je devais y aller en octobre 2001, donc on peut le dire comme cela : j’ai exp(l)osé en plein vol, ai quasiment tout arrêté et me suis mis à l’écriture, Gerry et cie...
- Donc me voilà avec un bol chantant, un titre qui prolonge mes prochains travaux sur l’hypermoi, un rendez-vous dans l’inconnu et avec une nouvelle sralbo qui a travaillé en parallèle
pendant 15 jours... pour produire quoi ? sa table? Mon projet de laser rouge ? un enlèvement ? une sculpture en gélatine ? je ne sais pas...quoi faire ? Toujours pas, soit, envoyer mon amoureuse présenter le bol à srlabo avec le texte Xor ? lui glisser un petit message pour qu’elle me rejoigne au café d’en face et filmer l’argumentation qui serait retransmise en live sur internet....ou simplement me présenter vers 17H30 avec mes textes et mon bol, et m’en prendre plein la gueule, passez la soirée à expliquer tout cela, le souvenir, le temps, les cacahuètes... bref, je décide tout de même d’envoyer un email sur le réseau sous forme d’invitation, laquelle vous avez reçu pour parvenir jusqu’ici. (Voir au début de ce document)... Et ce premier email me donne une nouvelle solution à une autre équation, celle qui transcende toute une génération postconceptuelle et surtout post duchampienne, assez warholisée par dessus le marché de l’art pour ne pas trop s’emmerder avec le virtuel et les trucs compliqués des réseaux, des technos...
- Bref, le rôle du spectateur, bien, oui, le fameux regardeur, vous moi, l’autre, enfin, celui qui fait écho à ce qui se passe, qui est présent en esprit ou en dur, qui va te poser toujours la question qui tue “pourquoi faire?", " à quoi ça sert ?” ou la remarque énervante “tiens, moi j’aurais mis du vert plutôt”... si si camarade, tu as la droit, tu as payé l’entrée, tu as combattu la pluie et le métro avec tes 2 mômes en bas âge qui se font les dents sur buzz l'éclair, si si les masques à gaz pendu à des foetus en gélatine, c’est bien de l’art, tu as le droit à une explication car c’est toi qui fait l’oeuvre, tu es le regardeur et le musée que tu foules de ton pas lourd et affamé à la recherche d’un verre de blanc de chez Fido, se doit, avec ses subventions radines, de t’enseigner le goût, la culture, la comtemporanité... bref, de te sortir de tes illusions programmées par la télé et le boulgour du voisin, du frais quoi...
- Bon, je m’égare mais je me dis surtout que le must du must, ce serait finalement que ce soit les spectateurs, enfin vous, qui futent les transmetteurs de ce souvenir, en tout cas du mien, et d’entrer dans la galerie en vainqueurs, enfin, avec le rôle non négligable d’expliquer à srlabo tout ça, toute cette histoire. Non, il ne s’agit pas d’une blague: Le bol sera là posé à un endroit discret ou sur cette table si elle existe, peut être qu’une personne aura connaissance de votre intervention et vous initiera au chant du bol magique, évidemment, vous aurez le choix de ne rien dire à srlabo, de décrypter le reste du contenu, d’apprécier ou de détester le texte XOR orginal sur mon dialogue avec l’être de lumière à molaires qu’est mon fils, peut être que tout cela résonnera en écho dans les yeux des autres spectateurs invités à la même discrétion que vous, on pourrait même ici inventer un signe pour les connoisseurs du propos, ou un objet, comme, je ne sais pas...un pointeur laser ? (joke) mais ai-je le temps de faire cela, il me reste exactement 40heures avant les 18H du vernissage. Et si j’envoie un email avec ce texte avant l’heure H, peut-être parmi vous sera l”ami intime ou le corbeau tout rondo-chien pour informer la belle ? alors ? Prendre un nouveau risque, celui de casser toute la mécanique finement huilée par mon ego? Ou prévenir seulement les fidèles, que vous êtes sans doute si vous recevez cet email avant mardi 23 mai 18h?
- Epilogue
- Fabrice me pousse vers l”idée du conceptuel net.art, th me donne l’envie d’envie et BEA fait parti peut etre de mon futur à la place de nathalie, quant à antoine, on s’est croisé à la clinique et on pars en vances ensemble, Ah oui, Boris fait des enfants et des films avec julie, mon amoureuse m’aime et me supporte, je parle toujours pas à ma famille de ce que je fais, et ce diable de daniel ? il garde le chat de sa mère avec véro dans sa residence secondaire alors que XOR est indirectement inspiré de ses écrits logiques. J’ai n’ai pas oublié tout les autres, ceux que j’aime et ceux que j’ai aimé + ceux qui reviendront dans la boucle du temps, y compris ...sarah...bientôt.
- Post scriptum
- Je tiens à signaler qu'un des interêts du souvenir, c’est le fait de ne pas payer de droit à la sacem ni de se prendre une amende pour telechargement illégal de neurones (dixit farenheit 452, my next projet). Bises - D.Guez - XOR - 23mai 2006
- Ressources